COVID-19
et Objectifs
mondiaux
Comment la pandémie pourrait changer la « feuille de route » de l'humanité
La pandémie de coronavirus nous fait entrevoir un nouveau monde, où le statu quo n'existe plus.
Des millions de personnes autour du globe sont en proie à la misère et la souffrance alors que le virus s’attaque à nos santés et nos économies. Que l’on soit riche ou pauvre, la pandémie nous oblige à revoir presque tous les aspects de notre mode de vie.
Mais la portée de la pandémie de COVID-19 commence à peine à être pleinement saisie. Le PNUD estime que l’indice de développement humain mondial – qui mesure conjointement l'éducation, la santé et le niveau de vie – pourrait décliner pour la première fois depuis que sa conceptualisation en 1990.
« Le monde a connu de nombreuses crises au cours des 30 dernières années, telle que la crise financière de 2007-2009, qui ont toutes affecté le développement humain, sans pourtant en inverser la progression. La COVID-19 s’attaque simultanément à la santé, l'éducation et le revenu et pourrait bien modifier cette tendance. »Achim Steiner, administrateur du PNUD.
L’Agenda 2030
Si la COVID-19 représente un énorme défi, c’est aussi une formidable opportunité pour la réalisation de l’Agenda2030 et des Objectifs de développement durable (ODD).
Les ODD constituent une feuille de route pour l'humanité. Ils englobent presque tous les aspects du bien-être des hommes et de la planète et garantissent une vie stable, prospère et saine pour tous et pour l’environnement s'ils sont respectés.
Mais ils ont été durement touchés cette année, ce qui aura des répercussions importantes dans le futur.
La crise met aussi en évidence ce que les ODD avaient déjà révélé : les difficultés auxquelles nous sommes confrontés ne peuvent être surmontées de manière isolée.
Nos évaluations socio-économiques, sur base des conclusions de plus de 70 pays et de cinq rapports régionaux, estiment que la plupart des pays en développement n'en sont qu'aux premiers stades de la pandémie mais qu’ils font déjà face à ses effets négatifs.
Santé et bien-être
Même avant la crise, le monde n’était pas sur la voie de garantir des soins de santé pour tous d'ici à 2030.
Les progrès impressionnants réalisés ces dernières années – baisse des taux de mortalité infantile et maternelle, le renversement de la tendance en matière de VIH/sida et réduction de moitié des décès dus au paludisme - sont menacés. Il est probable que ces chiffres repartent à la hausse à des niveaux alarmants, non seulement à cause de la maladie elle-même, mais aussi de par l’interruption des campagnes de vaccination.
Faim « zéro »
Le nombre de personnes sous-alimentées a diminué de près de moitié au cours des deux dernières décennies. Bien que d'énormes progrès aient été réalisés en Asie centrale et orientale, en Amérique latine et aux Caraïbes, 821 millions de personnes souffraient encore de sous-alimentation chronique en 2017.
La pandémie de COVID-19 a révélé les faiblesses des chaînes d'approvisionnement alimentaire mondiales. Et dans certains pays fragiles, comme le Yémen, des millions de personnes pourraient rejoindre les 15,9 millionss de personnes qui se réveillent chaque matin le ventre vide malgré l'aide humanitaire.
Pas de pauvreté
Les progrès économiques rapides réalisés en Inde et en Chine ont permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté ; mais en 2015, environ 736 millions de personnes vivaient encore avec moins de 1,90 $ par jour.
Oxfam estime aujourd’hui que la crise pourrait faire replonger un demi-milliard de personnes dans la pauvreté.
L’ODD 1 est le pilier de tous les autres Objectifs mondiaux. Si la crise rend ce but plus compliqué à atteindre, elle offre aussi l’occasion de révolutionner totalement le développement.
Un travail décent
Environ 1,6 milliard de personnes travaillent dans l'économie informelle, soit près de la moitié de la main-d'œuvre mondiale. Selon l'Organisation internationale du Travail, le gagne-pain de ces personnes ne sera pas épargné, loin de là.
L'OIT a indiqué que plus d’un jeune sur six avait déjà perdu son emploi depuis le début de la pandémie, et que ceux l’ayant maintenu travaillent dorénavant à horaire réduite.
En tant que chef de file de la réponse socio-économique à la pandémie de COVID-19, le PNUD œuvrera avec ses partenaires privés et publics pour encourager une croissance intégrée qui ne laissera personne de côté.
Une éducation de qualité
Selon l’UNESCO, environ 1,25 milliard d'élèves sont touchés par la fermeture des écoles. Le PNUD estime qu’actuellement 86 % des enfants de l’enseignement primaire ne sont pas scolarisés dans les pays en développement.
La pandémie a encore une fois mis en évidence la « fracture numérique » et la question du droit à l'accès à l'Internet, en particulier pour les personnes vivant dans les zones rurales.
Le PNUD estime qu’on pourrait diminuer de plus de deux tiers le nombre d'enfants privés d’apprentissage en raison de la fermeture des écoles en s’attaquant à cette fracture numérique.
Des institutions fortes
Autour du monde, la pandémie a fait reporter au moins 18 élections et référendums nationaux, ce qui a le potentiel d’augmenter les risques d’agitation sociale. Les gouvernements, en particulier dans les pays fragiles, se retrouvent face à des difficultés considérables et sans précédentes pour maintenir la cohésion sociale, tout en faisant respecter les droits de l'homme et l'état de droit.
Une double
hélice
Depuis plusieurs années, les scientifiques mettent en garde contre la manière dont la déforestation sans restriction, le commerce illégal d'animaux sauvages et les maladies zoonotiques pourraient provoquer des pandémies incontrôlables. Face au fait accompli, il apparait maintenant essentiel d'investir dans des économies vertes pour rétablir l'équilibre entre l’homme et la nature et aider les pays à se relever.
Comme une double hélice, les ODDs et la réponse à la COVID-19 sont indissociables, et ne peuvent être abordés que par une approche combinée.
Notre rôle d’intégrateur d’ODD consiste à aider les pays à relever tous les défis publics et privés liés à la pandémie de COVID-19.
Le PNUD s’apprête à changer sa façon d’agir. La pandémie nous permet de faire ce qui était autrefois presque inimaginable : concevoir une autre façon de travailler.
Viser plus haut, plus audacieux
Le PNUD est particulièrement bien placé pour régler des problèmes complexes, comme en témoigne le succès de notre réponse à la stabilisation de l’Iraq.
En Angola, nous contribuons à lutter contre la déforestation. En Moldavie, nous poussons pour que le tourisme durable contribue à une croissance durable. Du Belize au Belarus, ce sont plus de 680 millions d'hectares de terre et de mer que nous avons protégés au cours des 20 dernières années.
La prochaine phase de notre réponse à la pandémie de COVID-19, en tant chef de file de la réponse socio-économique de l'ONU, visera à aider les politiques à agir dans la perspective de 2030 et à gérer l'incertitude dans les domaines de la gouvernance, la protection sociale, l'économie verte et la vie dans le monde numérique.
S'engager en cherchant à faire « mieux »
Pour la première fois depuis cent ans, le monde se retrouve autour d’un objectif commun : venir à bout du coronavirus.
Il nous est impossible de « revenir à la normale », parce que c’est cette même « normalité » qui nous a conduits là où nous en sommes aujourd’hui. La crise nous a montré combien nous sommes liés les uns aux autres et combien notre relation à la planète est forte. La pandémie de COVID-19 nous oblige à revoir nos valeurs et à concevoir le développement d’une autre manière, en recherchant un véritable équilibre entre les progrès économiques, sociaux et environnementaux, comme le prévoient l’Agenda2030 et les ODD.
Les solutions intégrées sont le seul moyen de construire un avenir plus vert et plus solidaire, afin d’aider les pays à atteindre les Objectifs à l’horizon 2030.